Le Prix du succès pour les Canadiens

Traduit avec l’accord de l’auteur de Habsterix.com

Vous souvenez-vous du temps où les gardiens de but gagnaient des Coupes Stanley à Montréal? Quand Jacques Plante était la pierre angulaire de l’équipe dans les années 60? Ou quand Ken Dryden, bien qu’il jouait derrière un très bon corps défensif, était remarquable et que l’on pouvait compter sur lui comme étant un joueur clé dans les années 70? Probablement que vous n’avez pas eu la chance de les regarder jouer, mais vous étiez né pour voir Patrick Roy faire des miracles vers la fin des années 80 et dans les années 90, non? Et bien entendu vous étiez là quand Carey Price a gagné à peu près tous les trophées possibles dans la LNH en 2015, n’est-ce pas?

La vérité est que gardien de but est une position clé et l’a été pour cette équipe depuis toutes les années glorieuses que cette dernière a connues. Le directeur gérant Marc Bergevin savait qu’il avait un joueur spécial entre les mains en Carey Price et il n’a pas hésité le rendre le gardien de but le plus riche de tous les temps avec un contrat de 84 millions pour 8 ans qui commence cette saison. Malheureusement pour Bergevin, son gardien étoile est en train de perdre son mojo, et quand l’on investit autant dans un joueur, on est en droit de s’attendre à ce qu’il soit le meilleur de son équipe. Il n’y a pas de “si” ou de “mais” dans un tel cas.

Après avoir signé ce contrat lucratif il y a plus d’un an, Price n’a pas seulement connu de performances sous la moyenne la saison dernière, il a été parmi les pires gardiens partants de la LNH entière, statistiquement parlant. Une bonne partie de l’affaire s’explique par une équipe sous-performante, surtout la brigade défensive devant lui, mais comme Price l’a lui-même avoué, il peut faire beaucoup mieux.

Après la saison, Bergevin a parlé à propos du fait que “l’attitude” dans le vestiaire devait changer. Son commentaire n’était pas clair à ce moment-là, mais il s’est certainement clarifié pendant l’été quand il a échangé Alex Galchenyuk, un compteur talentueux aussi reconnu pour sa nonchalence lors de certaines présences ou même de matchs. Et c’est devenu clair comme de l’eau de roche quand des rumeurs ont fait surface, voulant que le capitaine Max Pacioretty soit sur la sellette, lui qui a été échangé à Las Vegas il y a quelques semaines. N’importe qui pourraît admettre que Pacioretty avait l’air désintéressé la saison dernière, et qu’il lancé la serviette sur son équipe, du moins au niveau de l’effort. Connor McDavid jouait pour une mauvaise équipe et il n’a jamais ralenti la cadence. C’est de cette attitude que Bergevin parlait.

Eh bien les amis, Price a aussi lancé la serviette sur son équipe. Comme Pacioretty, son langage corporel et son niveau d’effort démontraient clairement son désintérêt. Ses deuxième et troisième efforts, auxquels il nous avait habitués depuis l’arrivée de l’entraîneur des gardiens Stéphane Waite, ils étaient partis et remplacés par ses anciennes habitudes de jouer pour la forme.

Hybride vs Papillon

Je suis la carrière de Carey Price depuis que les Canadiens l’ont repêché en 2005 et j’ai eu la chance de vivre dans l’Ouest du Canada, où se trouvent la WHL et les Americans de Tri-City, où Price a joué ses années junior. Je l’ai aimé et soutenu depuis ce temps-là et je me suis fâché contre Roland Melanson qui a voulu transformer le style de Price en pur papillon, ce qui l’a presque ruiné, à mon avis. Vous voyez, dans le junior, Price présentait un mélange de ce qu’on appelle le style hybride (Martin Brodeur) et le style papillon (Patrick Roy), et Melanson ne connaissant que ce dernier, il a commencé à détruire le style naturel de Price, qui faisait de lui le gardien qu’il était. Cela a mené au début des difficultés de Price à l’ébauche même de sa carrière. La vérité est que pour avoir du succès dans la LNH, vous devez faire de petits ajustements dans le style d’un gardien, pas repartir à zéro. Aussitôt que l’on commence à trop réfléchir plutôt que de se fier à son instinct, la rondelle se retrouve derrière vous si vous êtes dns les buts.

Bergevin a trouvé en Waite quelqu’un pouvant travailler avex plusieurs styles, quelqu’un qui enseignera la préparation mentale, élever le niveau de compétitivité et rectifier des mauvaises habitudes mineures. Alors que la LNH pensait avoir trouvé le manuel d’instructions contre Price en visant haut du côté de la mitaine, Waite a aussi rectifié cette situation à l’époque. Avec Waite, Price est retourné à ses anciennes habitudes, présentant un mélange des styles hybride et papillon. Il se tenait debout devant les tirs de loin sans trafic devant lui. Il revenait en position papillon quand il y avait du trafic pour couvrir une plus grande surface du filet. Il se battait pour chaque rondelle. Il jouait dans la tête de ses adversaires.

L’an passé, par contre, pour une raison quelconque, on a pu constater que Price était retourné au style dicté par Melanson. Il s’est fait battre du côté de la mitaine à maintes occasions, n’avait aucun niveau de compétitivité (la plupart du temps), on a vu un réel changement dans son attitude; tout ça a mené à une saison désastreuse de sa part. C’est comme s’il avait arrêté d’écouter Waite, ou bien s’il s’en moquait. Je parierais qu’il faisait partie de ceux que Bergevin pointait du doigt avec son commentaire par rapport à “l’attitude” dans le vesstiaire, et que le gardien et Bergevin ont eu une discussion à coeur ouvert avant la saison morte. Les Canadiens ont investi trop d’argent en Carey Price pour que celui-ci lance ainsi la serviette sur son équipe, et cela a été mis au clair.

Malheureusement pour l’équipe et pour les partisans, je remarque ce même style en cette pré-saison et ça, les amis, ça n’augure pas bien. Ce n’est aucunement prometteur. Il est sur les genoux à chaque tir encore, peu importe d’où le tir vient. Il est battu avec des tirs hauts du côté de la mitaine trop souvent. Ses déplacements latéraux sont lents et son niveau de compétitivité est… bien… non-existant. Il est vrai qu’il n’a pas la défensive de Calgary devant lui, ou celle de Nashville ou de San Jose, mais il est certainement sensé être meilleur que Mike Smith, Pekka Rinne et Martin Jones aussi. Et il a la paye qui va avec!

Price a été largement dominé par Antti Niemi jusqu’ici, et il semble se battre au même niveau que Charlie Lindgren pour un poste de gardien auxiliaire. Je parle de performances, ici. Il n’est pas question que Price ne soit pas le gardien partant à Montréal. Il est bien capable de retourner à son niveau antérieur. Mais personnellement, je crois qu’il présente certainement des drapeaux rouges. L’équipe devant lui travaille fort et ils ont besoin que leur meilleur joueur rejoigne les rangs parce que, en ce moment, on est loin du calibre de Plante, Dryden et Roy. Go Habs Go!

Par J.D. Lagrange

Source de l'article original: https://habsterix.com/2018/09/27/habs-success-comes-at-a-price/

La solution à l’attaque : Carey Price

Crédit: The Star
Crédit: The Star

En lisant le titre, vous vous êtes tous dit la même chose : voyons il est vraiment rendu fou, Price à l’attaque? Je vous rassure immédiatement, ce n’est pas le cas. J’aimerais plutôt vous faire réaliser l’impact d’un gardien dominant sur le restant de l’équipe et surtout au niveau de l’offensive.

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Intimidation

Quand une équipe compte dans ses rangs le meilleur joueur au monde à une position aussi cruciale que celle de gardien de but, cela peut apporter un effet intimidateur sur l’équipe adverse. Lorsque tu affrontes les Canadiens de Montréal avec un Carey Price en pleine possession de ses moyens tu as l’impression d’embarquer sur la glace avec un déficit de 0-2 (Ken Hitchcock, entraîneur de blues de St-Louis, en a fait mention en début de saison). Avec un gardien élite tels que Carey Price, Jonathan Quick ou Henrik Lundqvist pour ne nommer que eux, l’équipe adverse sait qu’elle aura besoin d’un lancer ou d’un jeu parfait pour le déjouer et ça finit par jouer dans le subconscient de n’importe quel joueur de la LNH.

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Leadership

Malgré un beau groupe de leaders au sein de la sainte-flanelle avec les Paccioretty, Subban, Markov, Gallagher, etc.,  quand tu es privé du leader incontesté autant sur la glace que dans la chambre cela peut avoir de graves répercussions au cours de moments clefs durant un match. Non, Price n’est pas le plus volubile et encore moins un verbomoteur, mais dans un match où l’enjeu est crucial ou tout simplement dans un match plus difficile son calme rassure toute l’équipe devant lui. Rares sont les fois où Price va se lever dans la chambre, mais quand il le fait l’effet est plutôt explosif sur le dynamisme du restant de ses coéquipiers, comme par exemple lors des séries 2014 lors d’un match crucial contre les Bruins de Boston, alors qu’il s’est levé lorsque ses coéquipiers essayaient de trouver des solutions pour remporter le match. Price a regardé ses coéquipiers et leur a dit : amusez-vous et appréciez le moment, je vais m’occuper de faire les arrêts. Le résultat : victoire des Canadiens et élimination des Bruins par la suite.

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Martin Brodeur 2.0

Ce n’est plus un secret pour personne, Price est présentement le meilleur gardien pour manier la rondelle depuis l’ère Martin Brodeur, ce qui permet une relance des plus rapides. En effet, il agit pratiquement comme un 3e défenseur, pouvant même faire partie du plan de match des autres équipes au niveau stratégique. C’est plutôt connu que plusieurs entraîneurs optent pour un équilibre entre l’entrée de zone avec la rondelle et le fameux « dump and chase » où le joueur envoie la rondelle dans le fond du territoire pour ainsi mettre de la pression sur la défensive adverse pour les obliger à faire un pivot et patiner rapidement pour récupérer le disque avant que l’attaquant arrivant à pleine vitesse y parvienne ; un gardien habile a pour effet de complètement neutraliser cette stratégie, car le gardien sera le premier sur la rondelle et ainsi relancer l’attaque rapidement pouvant même, à plusieurs occasions, créer des surnombres offensifs. Par la suite, les équipes deviendront plus prévisibles en entrée de zone, car l’option du « dump and chase » sera pratiquement éliminer du plan de match adverse.

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Tricher légalement

Quand une équipe a une confiance aveugle envers son gardien autant en raison  des arrêts clefs qu’il effectue que de la relance rapide de celui-ci, ses coéquipiers auront le luxe de pouvoir appuyer plus adéquatement l’offensive autant au niveau des défenseurs que des attaquants.  Ceci aura comme effet ricochet de permettre également un écart plus grand entre les attaquants et la défensive et ainsi créer plus de surnombres offensifs.

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Pour conclure, il ne faut pas sous-estimer l’impact d’un Carey Price au sommet de son art sur l’ensemble de son équipe. Il faut également voir plus loin que les arrêts miraculeux qu’il est capable de faire au courant d’un match. Aussi ridicule que cela puisse paraître, l’impact du dernier gagnant du trophée Vézina aurait pu nous permettre d’être encore au plus fort de la lutte pour le premier rang de l’association Est, mais le destin en aura fait autrement. Par contre, l’absence de Carey aura permis à toute la direction Montréalaise de réaliser à quel point il y a un manque à combler au sein de l’équipe, c’est-à-dire deux ailiers top 6 sur les flancs de notre joyau : Alex Galchenyuk. Ce manque flagrant pourrait-il faire en sorte que Bergevin s’active sur le marché des transactions et tente d’acquérir un jeune joueur pouvant nous aider à long terme qui fait les manchettes depuis quelques jours en Jonathan Drouin?

À suivre…

Mike B.